Pendant la pandémie et les confinements successifs, le télétravail a connu un essor fulgurant, boosté par les mesures gouvernementales. Alors que les employés semblent y trouver leur compte, les entreprises veulent maintenant faire machine arrière… Un point de bascule pour le télétravail?
Personne n’a oublié: le coronavirus a sorti le tapis rouge au télétravail. En quelques mois, une majorité de travailleurs avait transformé le domicile en bureau. Autrefois marginal, le télétravail était devenu la norme. Un nouveau modèle promis à un bel avenir, tant les avantages étaient salués: autonomie, gains de temps sur les trajets, équilibre vie professionnelle-privée et même remède contre l’absentéisme. Résultat? Nombre d’employés passent désormais plus de temps chez eux que dans les bureaux de leur employeur, les visioconférences sont la panacée et les managers jonglent entre présentiel, hybride et pur virtuel. Mais le mouvement semble s’inverser…
Après la marche forcée, la marche arrière
C’est aux États-Unis que cela a commencé, dès 2023. Plusieurs grandes entreprises, notamment les géants de la tech, annonçaient vouloir voir plus souvent leurs employés au bureau. En Belgique, une étude d’Acerta Consult, réalisée auprès de 500 entreprises et 2.700 travailleurs, montre une tendance similaire chez les employeurs: une entreprise belge sur trois souhaite ainsi réduire le télétravail. Un constat encore plus fort au sein des PME, où la présence au bureau avait souvent été réduite comme une peau de chagrin. Par contre, du côté des travailleurs, c’est tout l’inverse: 41% d’entre eux veulent encore plus travailler du domicile, alors 54% se disent satisfaits de la répartition actuelle; seuls 5% veulent faire machine arrière! Pourtant, le télétravail n’est pas sans risques, d’un côté comme de l’autre…
Un bilan mitigé
Déjà pendant la pandémie, les effets négatifs du télétravail étaient pointés du doigt, notamment pour les travailleurs: risques psychosociaux, solitude accrue, détérioration des relations, perte de sens, fatigue, etc. Aujourd’hui, les entreprises prennent aussi conscience de certains écueils… En effet, des études montrent, par exemple, que le télétravail ne favoriserait pas la créativité ni la collaboration. Sans oublier les difficultés d’organisation et de communication, le désengagement des travailleurs ou la dilution de la culture d’entreprise. Devant ce tableau sombre, certaines directions sont tentées de faire revenir leurs troupes à la base. Une manière de retrouver du «contrôle», mais le recul du télétravail est-il une bonne nouvelle? Entre failles, défis et atouts, la bonne réponse est peut-être celle du «milieu».
Oser se poser les bonnes questions
Il n’existe pas de modèle miracle, encore moins de solution one-size-fits-all. Chaque entreprise est donc invitée à trouver la bonne dose de télétravail… Celle qui répond aux attentes des collaborateurs, notamment parmi les nouvelles générations, tout en permettant au collectif de mieux fonctionner. Évidemment, la tâche n’est pas simple, car il faut se donner les moyens de faire le bilan. Un audit éclairé et capital pour définir un cadre et des règles adaptées; trouver les solutions pour faire coexister des modèles distincts; créer des dynamiques saines entre équipes présentielles, hybrides ou 100% virtuelles pour favoriser la collaboration et l’innovation collective; identifier des pratiques et des méthodes d’interaction efficaces, capables de préserver la confiance, l’engagement et la culture d’entreprise.