2030, c’est demain. Et demain, la transformation du marché du travail semble inéluctable, notamment sous l’impulsion de l’intelligence artificielle. Dans les métiers de la finance, les mutations technologiques et les enjeux stratégiques devraient redistribuer 80% des cartes. Décryptage d’une révolution en marche.
En général, les publications du Forum économique mondial (FEM) prédisent, autant qu’elles redessinent, les grandes lignes de l’économie de demain. Alors, quand le Future of Jobs Report 2025 révèle que la transformation du marché du travail touchera 22% des emplois d’ici 2030, mieux vaut le prendre au sérieux. Une mutation, boostée à l’IA et aux data, déjà à l’œuvre dans les entreprises! Mais les avancées technologiques ne sont pas les seuls moteurs du changement: démographie, tensions géopolitiques ou pressions économiques contribuent aussi à la refonte des professions et secteurs. Le rapport du FEM anticipe la disparition de 92 millions de fonctions dans le monde; mais, dans le même temps, 170 millions de nouveaux rôles devraient être créés, soit une augmentation nette de 78 millions de jobs.
Une révolution aux multiples facettes
Les trois premières révolutions industrielles ont transformé le marché du travail, à travers la machine à vapeur, la machine-outil (chaînes de montage, etc.) et la machine «informatique». Aujourd’hui, le machine learning (apprentissage automatique) promet une nouvelle grande mutation, exigeant de nouvelles compétences technologiques et humaines. Un enjeu capital, puisque le déficit de compétences serait l’obstacle le plus important (63%) à la transformation des entreprises. Concrètement, près de 40% des compétences sur le lieu de travail devraient changer à court terme. Quel impact dans les métiers de la finance? Voici 4 tendances de fond.
- Une plus grande hybridation des compétences, combinant expertise financière et savoir-faire technique, lié aux outils numériques.
- Sur le plan technologique, des besoins croissants vont rapidement se faire sentir autour de l’intelligence artificielle, du big data et de la cybersécurité.
- Les outils IA vont également appuyer la spécialisation des rôles, faisant émerger des experts dans l’analyse des données, la modélisation prédictive, la gestion des risques, etc.
- Dans ce contexte d’automatisation, les soft skills restent capitales, notamment la créativité, la résilience, la flexibilité, la curiosité, la capacité d’apprentissage ou l’agilité. Pour tous les managers, la communication, le leadership et l’intelligence émotionnelle seront essentiels pour interagir efficacement, favoriser la collaboration, soutenir la prise de décision éclairée et gérer les équipes.
Out, ces rôles condamnés à disparaître
Dans sa liste des métiers en voie d’extinction, le Future of Jobs Report 2025 épingle trois fonctions financières. D’abord, les agents de comptabilité, dont les missions de saisie, de rapprochement et de vérifications basiques devraient passer entre les «mains» de logiciels intelligents. Ensuite, les auditeurs traditionnels perdent aussi du terrain face aux outils automatisés, capables d’analyser les données en temps réel. Enfin, les gestionnaires de la paie pourraient être dépassés par les capacités des plateformes intégrées, qui gèrent tous les processus de A à Z. En creux, ces extinctions annoncées semblent confirmer la prise de pouvoir des outils IA sur des tâches répétitives, standardisées et facilement codifiables, offrant rapidité, fiabilité et réduction des coûts.
In, des fonctions stratégiques vont émerger
Les équipes financières de demain adopteront un visage plus collaboratif et flexible que jamais, mêlant des pôles d’experts agiles, des équipes intégrées dans les unités opérationnelles et un service centralisé pour le volet automatisation. Cette nouvelle architecture va de pair avec la naissance ou le boom de profils inédits, comme le contrôleur ESG, capable de maîtriser et d’intégrer les enjeux de durabilité dans la stratégie financière; le financial data scientist, qui transforme les données en insights stratégiques; le manager de la finance numérique, chef d’orchestre de la transformation technologique; ou le risk intelligence manager, dont les compétences sont indispensables aux modèles prédictifs de gestion des risques en temps réel.
Comment négocier le virage
Face à cette révolution, trois leviers s’imposent: auditer les compétences existantes pour identifier les potentiels de reconversion, investir dans l’upskilling technologique, tout en développant les soft skills, et recruter des profils hybrides maîtrisant les fondamentaux financiers et les nouvelles technologies.