1% d’inspiration, 99% de transpiration: du mythe de l’idée géniale aux sources de l’innovation

Dans l’imaginaire collectif, les inventions jaillissent d’une grande idée. Archimède sortant de sa baignoire, Newton et la pomme sur sa tête, d’illustres exemples qui consacrent l’idée du coup de génie. Pourtant, innover ne rime pas forcément avec idée salvatrice. C’est bien souvent une histoire de persévérance, de démarche, d’état d’esprit, mais aussi… d’échecs!

Eurêka, comment ont-ils trouvé? D’Archimède à Newton, de Jobs à Musk, la légende supplante souvent la réalité. Les récits de ces «inventeurs-créateurs» de génie ont tendance à mythifier ce qu’est vraiment l’innovation, voire à la confondre avec l’invention et la créativité. Des notions qui se recoupent, mais qui ne sont pas de parfaits synonymes. En réalité, nombre d’entreprises et d’entrepreneurs innovent constamment, sans forcément révolutionner ou disrupter un domaine, un marché, un secteur. Elles et ils améliorent, évoluent, cheminent, se transforment, etc. Preuve que le mythe de l’innovation spontanée et radicale cache une autre vérité: l’innovation est davantage le fruit d’un long processus, fait d’échecs, d’apprentissages, de remises en question, d’observation, d’une bonne dose d’obstination et d’une pincée de créativité.

Les origines de l’innovation

D’où vient donc l’innovation? La vérité est qu’elle peut prendre différentes formes, dont voici les expressions majeures (parmi d’autres):

  1. L’innovation incrémentale s’inscrit dans la notion de processus, d’amélioration continue. Cette approche suppose des avancées graduelles, afin de parfaire des produits, des technologies, etc. Exit la théorie de la destruction créatrice de Schumpeter, place à la continuité créatrice, celle qui «ajoute» à l’existant, fruit d’une démarche continue d’innovation. Exemple parmi d’autres, la Golf de Volkswagen, qui a fêté ses 50 ans, a connu 8 évolutions et des dizaines de déclinaisons, mais elle est aussi à l’origine de nombreuses avancées automobiles. À la clé? 37 millions de voitures vendues, sans jamais révolutionner son identité originelle.
  2. L’innovation par essai-erreur. Oser échouer est devenu un mantra dans certains écosystèmes, en particulier au cœur de la Silicon Valley. Le précepte a fait du chemin et les échecs sont désormais perçus comme une condition sine qua non de la réussite. Certes, il ne suffit pas de se planter exprès, encore faut-il profiter de l’expérience, apprendre de ses erreurs et avoir le cran de rebondir. La preuve? Thomas Edison et ses milliers d’expériences ratées avant d’inventer l’ampoule électrique. Ou James Dyson, concepteur des illustres aspirateurs sans sac, avec plus de 5.127 prototypes au compteur.
  3. L’innovation, fruit de l’observation. Ceux qui attendent, assis sur leur chaise, un éclair de génie pour innover devraient plutôt sortir de leur bureau. En effet, pour penser out of the box, il faut sortir de sa box, casser la routine, aller à la rencontre des clients, du marché, prendre le temps d’observer, se laisser inspirer. Un terreau fertile pour de nouvelles idées… C’est ainsi, en étant dans la peau du voyageur après un séjour aux Caraïbes, que Bernard Sadow, employé d’une entreprise américaine de bagages, a conçu la première valise à roulettes. Eurêka!
  4. La sérendipité au service de l’innovation. Si le travail acharné et la persévérance sont des ingrédients clés, il ne faut pas négliger le rôle du hasard dans l’émergence de l’innovation. La sérendipité, cette faculté de réaliser une découverte inattendue grâce au concours de circonstances imprévues, est à l’origine de nombreuses inventions majeures comme la pénicilline, le four à micro-ondes ou le Velcro. La longue page Wikipédia consacrée aux découvertes et inventions liées au hasard prouve qu’il faut rester attentif aux aléas.

Une question d’alchimie

Si l’innovation ne repose pas sur un éclair de génie, ce n’est pas non plus un processus linéaire et prévisible. C’est une alchimie complexe, un savant mélange d’essais et d’erreurs, de planification et d’improvisation, de logique et de créativité, de sérieux et de folie. Le tout exige des ingrédients clés et une culture d’entreprise propice: un état d’esprit ouvert; une forme de résilience et d’adaptabilité; une ouverture aux idées, aux critiques et aux pivots; sans oublier une bonne dose d’audace pour oser se lancer sur des chemins de traverse; mais aussi de ténacité et de passion. Car, comme le résumait Thomas Edison: «Le génie, c’est 1% d’inspiration et 99% de transpiration».

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