Valorisée à 5 milliards d’euros, Odoo poursuit sa croissance fulgurante. À la barre de la pépite wallonne, Fabien Pinckaers, un ingénieur obnubilé par l’innovation et l’amélioration de son produit, un logiciel de gestion de PME. Parfois qualifié de Steve Jobs ou de Bill Gates wallon, le quadragénaire reste focus sur son objectif: rendre Odoo incontournable, partout dans le monde. Quels sont les ingrédients de cette réussite, qui ruisselle sur l’écosystème technologique belge?
L’ascension d’Odoo impressionne. Depuis sa création, la licorne affiche une croissance annuelle de 50% et vise le milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2026. Sa plateforme de gestion, qui englobe 48 applications natives enrichies par un écosystème de 48.000 modules complémentaires, séduit déjà 12 millions d’utilisateurs dans le monde. Un succès validé par l’arrivée d’investisseurs de premier plan, comme CapitalG (Alphabet), Sequoia Capital ou BlackRock. Sa valorisation atteint désormais les 5 milliards d’euros… Mais Fabien Pinckaers, toujours majoritaire, veut plus (et plus vite): faire de sa suite logicielle une «commodité», un produit incontournable, au même titre que Word ou Excel. Confiant, il ne doute pas de son plan: «On ne touche encore que 1% du marché potentiel, mais ce n’est qu’une question de temps…»
Sur les bancs de l’université
La success-story trouve ses racines à l’UCLouvain, où, encore étudiant, l’ingénieur en informatique code ses premières solutions informatiques. En 2002, il fonde la société Tiny et lance son premier logiciel de gestion, TinyERP, qui deviendra Odoo. L’entreprise démarre sur une niche — les salles de ventes — avant de partir à la conquête de l’ensemble des PME. Même si la réussite au rendez-vous, les premières années sont difficiles, la jeune pousse grandit très vite et flirte plusieurs fois avec la faillite, jusqu’à un pivot stratégique décisif: le passage d’un modèle full open source à une formule hybride, où 80% des fonctionnalités restent gratuites, les 20% restants assurant la pérennité financière du projet. Ce modèle hybride, de type open core, fonctionne, Odoo ouvre son capital pour passer encore un cap et financer sa croissance. Ça paie!
La simplicité n’a pas de prix
Quand Odoo entame son ascension, son marché compte déjà des géants, tels que Microsoft, SAP ou Oracle. Cela ne freine pas la jeune pousse, car «nous n’avons pas de réels concurrents», avance son fondateur, avant d’expliquer: «nos logiciels explosent tout, car ils sont bien meilleurs que les autres, ils couvrent les besoins avancés des entreprises, tout en restant simples et intuitifs». Un produit unique et de qualité, enrichi par des apps, que le client peut ajouter au gré des besoins, et seulement trois formules de prix. On ne peut pas faire plus simple, mais cela suffit-il à expliquer une success-story digne de la Silicon Valley? À défaut de baguette magique, Fabien Pinckaers souligne les quinze années de travail, d’itérations et d’améliorations constantes, ainsi que le talent des équipes et la forte culture d’entreprise.
Le travail, clé de l’innovation
Plus qu’un CEO, Fabien Pinckaers reste un ingénieur, passant la moitié de son temps avec ses équipes dans le département R&D. À l’écoute du feedback des utilisateurs, il se concentre sur l’amélioration continue de son logiciel; un cap inflexible pour créer le meilleur logiciel possible, en le rendant toujours plus simple et efficace. Travail, performance et focus, des valeurs ancrées, qui se reflètent dans toute l’entreprise: structure hiérarchique minimale, promotion interne sur base des performances, etc. Mais où s’arrêtera Odoo? Une question à 5 milliards d’euros! Au-delà de sa propre réussite, la licorne belge est aussi une locomotive pour l’écosystème tech national. Plus important encore, Odoo prouve qu’il est possible de bâtir un champion technologique mondial, en partant de zéro et en restant fidèle à ses valeurs et à son territoire.
